Si dans la Société Française du Pastel, une tradition établie vise à nommer, parmi les meilleurs pratiquants pastellistes, qui peut prétendre au titre de "maître pastelliste" il n'en est à ma connaissance pas question pour ce qui en est l'équivalent en aquarelle: la SFA, et tant mieux...
Néanmoins j'entends de ci de là, quelques amateurs parler de "Maître aquarelliste" (sic) ce qui ne manque pas de me faire friser les zygomatiques en coin, sans parler des Maîtres Internationaux importés entre autres des USA ( là, j'ai l'impression qu'on va bientôt me parler d'un classement élo...).
Les pratiquants semblent parfois tellement demandeurs d'une telle hiérarchisation...
Faut-il instaurer en France ce type de classification ?
Comme lors de la création de l'association du collectionneur Jean Saurat des artistes triés sur le volet devraient-ils tenter de définir des critères qualitatifs d'une aquarelle? On y comprendrait peut-être enfin quelque chose ...ah lala, ce serait si bien de nous mâcher le travail...
Pourquoi a-t-on parfois tant de mal à définir tout seuls, comme des grands, qui est un peintre valable et qui ne l'est pas?
Faut-il comme lors de l'exposition de Shanghai adopter en France des critères de sélection des aquarelles apparaissant dans les expositions ? Des critères tels que la "bonne"utilisation de la "transparence" de l'aquarelle par exemple ? " Opacité sors de ce médium !!!"
Cela ne reviendrait-il pas à créer des ségrégations assez limitatives, où les avancées telles que les changements de supports, ou la modification éventuelle des composants, ou de l'utilisation de l'aquarelle ne seraient plus acceptés? Argh.
Aux USA il existe bien la "Pure Watercolor Society "...le risque n'est-il pas de figer encore un peu plus une pratique et de l'empêcher de se renouveller ? Au moins sait-on sur quels critères les tableaux sont exposés...
Je sais qu'il faut de tout pour faire un monde, et j'ai pourtant été moi aussi parmi les puristes de l'aquarelle, mais les mentalités et les pratiques évoluent ...La France n'est pas de tradition anglo saxonne, pas plus que de tradition asiatique...Il nous faut trouver notre identité dans le domaine de l'aquarelle aussi mais nous ne devons pas rater le train des expositions internationales.
Personnellement, tous ces critères de sélection a priori me paraissent à présent superflus, de même que la définition d'une caste supérieure d'aquarellistes qui seraient des Maîtres, car toute hiérarchisation prête elle aussi à des excès. Cooptation, réseau, quête du pouvoir et copinage sont les gangrènes de toute caste. Mais c'est peut-être juste ...de la jalousie de ma part ...et surtout je conçois l'apprentissage de la peinture comme une quête personnelle où chacun choisit les étapes à franchir en toute liberté. Mesurer le travail de l'autre, choisir ses modèles sans le rapport de soumission qu'impose celui de maître à élève me semble le moyen le plus sain et le plus enrichissant qui soit.
Autrefois quand les Grands Salons Parisiens avaient une grosse influence sur le marché de l'art on a bien vu à quel point le système académique pouvait être vite sclérosé. Des Salons parallèles (les Refusés sont les plus connus) se sont montés, démontrant les abérrations de l'art officiel, et les limites évidentes de la "régularisation" des critères de sélection.
Je pense que ce qui manque le plus souvent aux aquarellistes français amateurs est juste une bonne culture artistique et plastique généraliste de base.
Le système universitaire français n'a pas encore intégré l'aquarelle dans ses enseignements, c'est bien dommage, du coup, les personnes qui s'intéressent à l'aquarelle s'y mettent souvent tardivement et nous avons encore trop peu de jeunes aquarellistes qui pourraient développer une réelle oeuvre peinte tout au long de leur vie. Et ça, c'est un "trou" historique dans l'histoire de l'aquarelle en France, que rien ne pourra combler.
Les ateliers d'autrefois où on pouvait être des apprentis n'existent plus dans le monde de l'art, ne nous leurrons pas, le système des stages est un système très imparfait.
Au Japon il existe une tradition concernant la composition des sushis, tout un art, bien plus prècis et codifié que celui de l'aquarelle...
L'apprenti pendant trois ans se borne (si je puis dire..) à REGARDER son maître réaliser des sushis, et au bout de trois ans d'apprentissage uniquement par ce regard posé, il est invité à fabriquer son premier sushi, qui nécessairement est parfait.
Veut-on faire de l'aquarelle comme on fait des sushis ? ... et si on faisait juste ... de la peinture ?
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