Peindre c'est aller contre soi, tout contre.
Même si on ne s'en rend pas compte dés le départ, il y a toujours un moment où en peinture on butte contre quelque chose.
On butte ainsi contre l'enfant qu'on a été, on est à la fois autre et semblable. Les buts que l'on poursuit sont à la fois en rapport avec le passé et le futur. Parfois l'enfant se cabre, parfois c'est l'adulte parvenu qui se rebiffe. Dans tous les cas, il faut trouver un moyen d'avancer. Les exercices techniques à notre disposition ne sont qu'un moyen de débloquer la situation.
En route il arrive que le but qu'on s'était fixé initialement apparaisse soudain complétement obsolète. On passe à autre chose. Ca se passe de commentaires.
On peint toujours à l'envers car l'acte de peindre n'est pas un acte confortable, même si dans cette pratique on traverse de grands moments de joie et d'exaltation, ce n'est pas une constante. Les doutes jouent les trouble-fêtes. C'est bon alors d'avoir quelques amis qui ressentent les mêmes tourments.
Il faut toujours avoir un projet. Une peinture se fait et en même temps, elle est la gestation d'une autre. Peindre est un mouvement qui pousse plus loin encore, toujours plus loin. Refaire la même peinture toute sa vie est une abérration.
L'instant où le pinceau se pose sur la toile ou le papier est crucial, s'il n'y a plus d'envie, ça ne donnera rien.
L'envie ne s'achète pas, et ce n'est pas en étant envieux de l'envie des autres qu'on avance.
Si l'idée de foutre en l'air une feuille d'aquarelle vous donne des frayeurs, ne choisissez pas l'aquarelle.
"Je suis la première à admettre que commencer une peinture n'est jamais facile. Même si vous avez à l'esprit ce que vous souhaitez réaliser, le mettre sur le papier peut être très intimidant. J'ai mis du temps avant d'abandonner toute tentative d'analyse pour savoir pourquoi ça se passe comme ça, et j'ai juste accepté que c'est un moment à part entière de l'acte de peindre"
Shirley Trevena (trad approx nda)